LA SCISSION DE LA MAURITANIE, UNE IDEOLOGIE A COMPRENDRE !!

Dans le passé, j’avais cru que l’on pouvait créer un lieu de vie apaisé entre toutes les communautés mauritaniennes. A cette époque, j’avais naïvement produit toute une forme d’argumentaire pour combattre l’idéologie séparatiste. D’ailleurs, le texte était intitulé : La scission de la Mauritanie, une idéologie à combattre ! Aujourd’hui, je dirai que la séparation doit être envisagée.

Les chuchotements et les murmures de la séparation s’incrustent dans les papotages de comptoir et, ils ne comptent point repartir sitôt. Ces instruments d’expression de la pensée, discrets et spontanés, révèlent et décrivent la structure organisationnelle de la société. Par ailleurs, nous ne faisons que traduire un sentiment collectif de peur dans les masses populaires.

De la violence de la police politique beïdane à la détermination des « fous d’Allah », les voix basses, les pincements, les regards, les murmures et les chuchotements deviennent un instrument d’expression. Les murmures de la scission s’intensifient, deviennent de plus en plus assourdissantes et convaincantes. Le peuple noir mauritanien, las et impuissant, désuni et naïf, s’interroge. 

Dans cette volonté affirmée du beidanisme d’étatiser le racisme, le négro-mauritanien s’interroge sur son appartenance à cette Mauritanie qui lui nie toute étincelle de dignité. Les extrémistes de la droite maure imaginent toute forme d’histoire pour se doter d’une origine. De temps en temps, toujours aussi paranoïaques et cruels, ils se sentent plus puissants que les démons. Ce sont ceux-ci, biberonnés dans la sacralité imaginaire de l’arabe et dans la détestation du mélanoderme, par l’indifférence des intellectuels et par la complicité des hommes religieux, ruinent toute possibilité de cohésion nationale. Ils sont présents dans toutes les articulations du pouvoir et œuvrent subtilement à gommer les cultures noires et les langues noires du portrait de la Mauritanie. La violence de cette lutte contre la mauritanité et de l’identité culturelle du négro-mauritanien a permis, enfin, qu’on s’interroge sur notre avenir et celui des futures générations. Les murmures et les chuchotements de la séparation viennent de cette cruelle guerre qui a pour finalité de créer une population sans histoire, sans culture et totalement dépossédée de son africanité. 

La pensée politique de l’Afrique impériale n’était pas fondée sur la destruction culturelle et physique des vaincus mais dans cette démarche de les inclure dans la réalisation de l’Unité Africaine. En revanche, le chemin de l’histoire adopté par les impérialistes arabes et occidentaux n’est nullement différent de celui que les Romains avaient adopté pour soumettre et détruire le gaulois. Ils ne reconnaissaient pas la « valeur suprême » des gaulois et ne leur reconnaissaient que des qualités dites « inférieures », d’imitation, comme le proclamait Cheikh Anta Diop. L’envahisseur, quel que soit son origine, n’aspire qu’à une seule chose : La destruction totale du vaincu. Le beidanisme, par sa branche néo-colonialiste, poursuit ses projets diaboliques d’assimilation forcée des noirs à la culture et à la langue arabe.

Par des instruments d’aliénation culturelle, soutenus par une exploitation et une violence mortifère, le négro-mauritanien se plonge de plus en plus dans les enfers du nationalisme arabe. Le beidanisme mauritanien, à l’instar du système d’apartheid sud-africain, perpétue cette culture violente instaurée comme mode de vie ; une lutte violente contre l’autre, de son identité, de son humanité et de ses capacitès. Nous ne caricaturons nullement les arabes et les berbères mauritaniens. Il est logique de démontrer sans imposer, que la violence a toujours été le moyen d’expression des envahisseurs. Les colonisateurs sont toujours motivés par ce désir d’humilier et de massacrer les colonisés. Le beidanisme mauritanien, dans sa trajectoire historique, ne fait que poursuivre cet esprit d’envahisseur en niant avec véhémence l’existence de la composante mélanoderme de la Mauritanie.  

Dans l’agressivité et le manque de bon sens de l’agresseur, l’éthique de la victime doit être proportionnelle à l’inhumanité du bourreau. L’essence de l’existence d’une communauté sociale réside dans la dynamique de ses membres. L’action collective ou individuelle des individus permet de créer une effervescence sociale qui décrira le futur de la communauté. Le passé est un repère, un univers flou et complexe qui devient, par une nostalgie paralysante de l’histoire, un sanctuaire où se consolent des individus dépassés par la cruauté de la vie et sa prévisibilité. D’autres, mesurant réellement l’importance du fait historique, arrivent à puiser dans les mémoires du passé pour reconstituer le présent. 

Cependant, cela ne pourrait être possible qu’à partir du moment où nous reconnaissons collectivement notre condition de colonisés. Notre condition ne diffère absolument pas de la condition sociale, économique et intellectuelle de la communauté noire sud-africaine pendant l’apartheid. Notre présent est fait de préjugés et de caricatures, de mépris et d’exclusion. Par la puissance de l’argent et la passivité des individus de la vallée, les arabo-berbères, excluent des innocents de leurs terres pour les octroyer aux grandes puissances d’orient. Bienveillant et croyant, le noir mauritanien, avec des réformes éducatives à caractères exclusionnistes, se remet à Dieu et attend que celui-ci plaide en sa faveur. Toujours conciliants et pacifistes, nous acceptons lâchement toute forme d’injustice. Majoritairement francophone, la communauté noire mauritanienne, par des décisions politiques abusives et racistes, ne se doute guère que la prochaine étape du beidanisme sera de finir la colonisation, de vivre la misérable vie des noirs maghrébins, parqués et marginalisés. Lisez les mesures de l’assemblée nationale, quels soubassements ? Dans ce magnifique texte du Président Samba Thiam, une question nous est posée : Allons-nous accepter de subir ce que nous subissons ? Il n’est pas nécessaire de faire l’inventaire de toutes ces atrocités que nous subissons pour comprendre qu’une idéologie séparatiste doit être envisagée. Les chuchotements et les murmures de la scission doivent, pour la survie de notre peuple, être compris et diffusés dans toutes nos sphères sociales. Dans ce chantier légitime de la séparation, de la création d’une Nouvelle République au Sud de la Mauritanie, les intellectuels noirs de tout horizon doivent conjuguer leurs efforts pour que, enfin, nous arrêtions de survivre.

KIDE Baba Gallé

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