ENTRE FIERTE NATIONALE ET DEUIL…. ENTRE LE MARTEAU ET L’ENCLUME

Qui aurait pu imaginer qu’un jour des crimes commis par le régime ségrégationniste et raciste de Taya allaient devenir un véritable casse-tête pour l’unité du pays. Ah le bourreau, criminel, assassin avait-il une mémoire courte pour n’avoir pas su que rien ne peut empêcher la conscience historique des faits de se réveiller même si elle est ensevelie dans le désert d’Inal de Jreida et du Walata. Une mémoire ne s’efface pas et ne s’oublie pas. Surtout une mémoire de deuil, de souffrance, et d’amertume. Elle reste une plaie béante qui vieillit par l’usure du temps et s’enfonce dans le bas fond de l’enfer dont les laves de souvenirs régurgitent dans chaque petit évènement qui rappelle les horreurs qui se reposent au bord des écumes des vagues de souffrance de malheur et d’amertume déposées sur les dunes de Sable d’Inal, de Jreida, et du walata où des tombes sans sépulture privés du recueillement des siens et des proches s’exposent à un isolement solitaire loin des éprouvés. Ces tombes orphelines de mémoire et de recueillement dont les seules prières sont les mugissements du vent sec du désert sous un soleil de plomb marqué par des horreurs des camps :   de tortures et d’humiliations.   Une mémoire d’atroce souffrance reste enfouie au fond des abimes silencieux mais dont les profondeurs crachent du feu et des laves d’amertume et d’angoisse qui se mijotent dans les âmes meurtries qui recherchent consolation et apaisement.

Le régime de Taya qui a vu naitre un système très bien structuré par des chauvins, de nationalistes dangereux nourris d’idéologie meurtrière saupoudré de  corruption, de clientélisme, du favoritisme, de la gabegie, du détournement des deniers publics, a cru se débraser des crimes abominables dans les camps de Jreida et d’Oualata. Camp, où le jour du 27 novembre, 28 soldats, 28 dignes fils de la Nation, 28 pères de famille, 28 espoirs du pays, des mères et des filles et fils, furent pendus en guise de sacrifice humain pour célébrer la fête nationale, la fête de l’indépendance.

Comment les bourreaux du système ont-ils pu être naïfs à tel point d’oublier que l’histoire n’oublie pas. Que l’histoire a toujours le dernier mot sur la bêtise humaine. Que l’histoire est fille du temps qui passe et repasse en prenant la mémoire comme témoin oculaire des évènements du passé déterminant de la manière dont le futur se constituera. Le temps prime sur les actes de l’homme. Le présent est éphémère, seul le temps s’écoule à l’infini du monde. L’éphemerité du présent rend fragile des hommes qui ont peu de conscience historique, qui n’ont pas l’intelligence humaine de dépasser leur nature bestial et de sauvagerie animalière en s’incarnant dans la bêtise humaine : tuant, torturant, et humiliant l’humain. Aveugler par l’instant présent, se croyant maitre incontesté du temps présent par les caprices du pouvoir, ils s’érigent  le droit de commettre de pires atrocités en suivant leur instinct de psychopathe meurtrier. Les voilà, les aveugles, les monstres qui commettent d’actes abominables, en cultivant la haine et le désamour à l’endroit de l’autre qu’ils définissent comme un être nuisible, indésirable.  Ils ne savent pas qu’à travers leurs actes c’est le futur qu’ils empoisonnent. C’est la paix qu’ils mettent en péril. C’est l’harmonie et l’équilibre entre différents peuples qui vivent sur la même terre qu’ils désharmonisent et déséquilibrent. N’ayant pas conscience du futur, ils se croient indemne et sauver de leurs crimes d’instant présent. L’homme n’est pas qu’instant présent. L’homme est un projet qui se profile du présent au futur. Ceux qui se cantonnent au présent ont des esprits bornés et limités. La définition de l’imbécilité trouve sens dans leur nature meurtrière.

De par leurs actes, les bourreaux du système ont empoisonné un pays beau et magnifique de par sa diversité de peuples et de cultures. Voilà que les horreurs du passé se réveil dans les camps d’Inal et d’Oualata où sont allongés de grands hommes au cœur de soldat, humble serviteur de la Nation. Aujourd’hui les plaies mal cicatrisées saignent encore à cause de la misère et de la pauvreté qui sévit dans le pays. Aujourd’hui les enfants des martyrs d’Inals ont grandi et face à leur conscience, ils s’interrogent ? Que s’est-il passé ? Pourquoi leurs pères furent-ils assassinés ? Qui en sont les responsables ? Et les veuves saisissent le dévoilement de ce qui a été caché, asphyxié, pour faire entendre leurs voix.  Ils (les tortionnaires) avaient réussi à tétaniser, à faire oublier ce qui s’était passé, en corrompant une partie de la population qui fut victime du régime de Taya. On peut cacher la lumière du soleil mais nul ne peut empêcher le soleil de se lever. Ils ont beau camouflé la réalité, en faisant régner un climat de peur à partir des matraques des policiers, brutalisant tous ceux et celles qui osent reparler de ces crimes et de dénoncer les abus du système, mais ils ne peuvent échapper à leur sort de criminel qui se pavanent librement dans le pays. Aujourd’hui le système est affaibli de l’intérieur par des querelles intestines et des règlements de compte entre bourreau pour discuter le reste du système. Le grondement du peuple qui veut en finir avec un système corrompu et gabégiste  commence à faire écho à travers les réseaux sociaux tel que Facebook. Les langues se délient. La vérité éclate au grand jour, les mouvements s’intensifient. Tout ceci contribue à faire régurgiter les horreurs du passé en faisant remonter à la surface  le mal enfoui dans les bas-fonds des enfers d’Inal.

L’avènement de la vérité est inévitable. Ils auront beau faire fi à ces grondements, à ces mécontentements, à ces manifestations, à ces indignations, mais un jour la vérité triomphera. Le peuple se dressera pour exiger justice et réparation de tous les crimes du système ségrégationniste et raciste : allant de toutes les personnes dépossédées de leur bien par la déportation, et de la pendaison des 28 soldats à Inal dont on pleure aujourd’hui en ce jour de deuil.

Si on se projette dans le futur, on peut dire que l’instant actuel, où la fête de l’indépendance ne fait plus l’unanimité au sein du pays, où une partie de la nation en face de leur conscience refuse de fêter pour observer le deuil, et une autre partie dont une partie nie les faits et une autre qui plaide la cause de l’oublie en prétextant  ne pas déstabiliser  le pays, annonce la fin d’un vieux système militaire qui est entrain de vaciller. Pour ceux qui prétextent garder le silence pour la paix, ah si seulement paix y avait, car la plus grande partie de la population vit dans la misère et dans la pauvreté la plus extrême. La population harratine en est la plus grande victime. Pour cette population du pays, la paix n’est qu’un songe qui se miroite derrière les baraques de misère dans lesquels ils s’entassent.

Le pays est divisé à jamais. POURQUOI ? Par ce que le passé, ce qui fut un présent éphémère des bourreaux du système, est aujourd’hui en train de refaire surface en hantant le pays des cauchemars de ces veuves et orphelins qui pleurent jour et nuit des êtres chers tant aimés tombés à Inal, où plutôt pendus à Inal.

Les voilà, voilà les bourreaux qui ont souillé l’image de la fête de la Nation à jamais en ayant sacrifié 28 soldats pour les caprices démoniaques de l’homme. On est plus déchiré et fracturé que jamais, car nous voilà partagé entre la fierté nationale et le deuil, entre le marteau et l’enclume. Amère et difficile à vivre. Car comment concilier ces deux évènements qui se repoussent comme deux aimants en sens opposé. Oui ce sont deux réalités qui ne peuvent cohabiter. Dans un sens on a le Bien qui se veut un honneur du pays (la fête de l’indépendance du pays), et de l’autre côté on a le Mal qui ronge le pays. Un mal qui se dévoile au grand jour en contraste avec le Bien. QUE FAUT-IL FAIRE ? QUE SAIS-JE ?

Que justice soit faite ! Que les criminels soient jugés et qu’on sache ce qui s’est réellement passé ! Que l’on puisse situer les responsabilités de chaque tortionnaire ! Oui il y a un espoir pour que la fête nationale retrouve ses couleurs d’honneur et de fierté, pour qu’elle soit ce qu’elle doit être en la déssouillant du déshonneur et de la barbarie des hommes qui la servait d’antan. Aujourd’hui la fête nationale est tachée par le sang des innocents, par le sang des fils qui, dont les pères ce sont battus pour bâtir le pays. Voilà la condition qui va faire renaitre la fierté et l’honneur de l’indépendance du pays. Il faut que les responsables de ces crimes répondent de leurs actes doublement. Oui ils ont commis un double crime. Le premier, c’est celui d’avoir ôté la vie à des dignes fils de la nation, et deuxièmement le fait d’avoir souillé la nation par des crimes abominables en ayant taché la date mémorable du pays.

Est-ce rêver pour que le pays se réconcilie avec lui-même, en ayant traduit les bourreaux en justice ? Car ceux-là même qui dirigent actuellement le pays, nombreux parmi eux ont les mains tachés du sang, et certains parmi eux contribuent à l’appauvrissement d’une grande partie de la population.

Entre fierté nationale et deuil, je choisis le deuil, car de par l’analyse de ma conscience, je ne peux fêter une fête qui fut souillé par l’acte abominable des barbares en ayant sacrifié 28 soldats, 28 âmes innocentes. En dernier lieu j’annule la première proposition de mon titre : « Fierté Nationale » ! Pardonnez-moi, l’heure n’est plus à parler de fierté nationale, car la Nation est mis en  berne par cet acte inhumain, condamnable aux yeux des droits humains et de la loi divine. Pour l’instant la Nation est en deuil, en ce sens il n’y a pas de fierté nationale à manifester en ce jour du 28 Novembre. La priorité au deuil, au repos de l’ame de ces dignes fils sacrifiés. Tant que justice n’est pas faite, le deuil primera sur la fierté nationale. VOILA LA VERITE, et elle sort de la bouche du silencieux sphinx-néophyte à la quête de la vérité, celui que l’on nomme le fou errant, hanté par les cris des âmes innocentes ensevelis dans le désert d’Inal, de Jreida, et du Walata… de la bas et ailleurs où la barbarie et le chaos règne.

Abdoulaye DIA

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