Déclaration à propos de l’anniversaire des crimes commis contre 28 soldats négro-africains à Inal dans la nuit du 27 au 28 novembre 1990

Dans la nuit du 27 au 28 novembre 1990, des militaires négro-africains  ont été arrêtés, conduits à la base militaire de Inal et soumis à des tortures d’une cruauté indicible. 28 d’entre eux, au hasard, furent choisis par leurs tortionnaires pour être pendus, sans aucune raison, sans aucun jugement ni même le moindre acte d’accusation.

Dans leur folie meurtrière, les bourreaux déclarèrent commémorer, le trentième anniversaire de l’accession de notre pays à l’indépendance, souillant ainsi, par-dessus le marché, une date sacrée dans l’histoire de notre patrie. Ce crime abject commis par le régime de Maouwiya Ould Sid Ahmed Taya entrait dans le cadre d’une véritable épuration ethnique à l’encontre des négro-africains, en particulier les Hal pular’en,  entamée depuis les évènements de 1989, incluant meurtres, déportations, exclusions de la fonction publique, occupations illégales de terre dans la vallée du fleuve, discriminations de toutes sortes etc.

Grâce à la lutte farouche des veuves, orphelins et ayants droit des victimes, soutenus par un vaste courant démocratique au sein de notre peuple multinational, un véritable consensus a été créé autour de l’exigence de reconnaissance de ce crime odieux par l’Etat et de règlement juste et équitable de ce lourd passif humanitaire qui empoisonne la vie politique du pays et compromet son unité nationale .

Un pas en avant dans ce sens a été accompli à la suite des journées de concertation engagées par la classe politique en 2007 et à travers certains gestes forts effectués dès son arrivée au pouvoir par le Président Sidi Ould Cheikh Abdallah concernant ce passif humanitaire. Depuis le coup d’Etat de 2008 et l’arrivée au pouvoir du Général Mohamed Ould Abdel Aziz, le processus de règlement qui avait suscité tant d’espoir pour tous, veuves, orphelins, ayants droits, organisations humanitaires, forces et personnalités démocratiques, a été paralysé par les manœuvres et les tergiversations de son régime ( « prière de Kaedi », « fausses promesses »,« fausses indemnisations », « copinage » et esprit de division pour maintenir le statu quo ) plus préoccupé pendant  les dix longues années de son règne, à diviser, à réprimer le peuple et à démanteler les quelques acquis démocratiques qu’il a trouvés sur place en arrivant.

Face à cette situation caractérisée par la persistance de l’injustice et de l’impunité depuis 29 ans, l’UFP, à nouveau, se recueille devant la mémoire des victimes, la douleur encore vive des orphelins et des ayants droit et réclame du nouveau régime du président Ghazouani qu’il rompe avec  l’esprit manœuvrier de son prédécesseur et s’engage fermement et réellement dans la voie salvatrice du règlement de cette question qui compromet constamment notre coexistence patriotique, notre unité nationale et notre vouloir-vivre commun.

Pour cela, l’UFP réitère son appel à la tenue  d’une grande concertation nationale qui permette de renouer le dialogue politique, définisse le cadre d’un règlement définitif du passif humanitaire et redonne aux victimes et à leurs ayants droit, la justice qu’ils réclament depuis si longtemps, dans un souci de pleine vérité et dans l’esprit d’une réelle réconciliation nationale, seul gage d’un authentique pardon.

Vive le 28 novembre débarrassé de toute souillure

Vive l’unité nationale fondée sur l’égalité, la justice et l’esprit de réconciliation.

 

Nouakchott le 27 novembre 2019.

Le Comité Permanent

 

 

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