Cheikh Oumar Ba : l’inclinaison du baobab

Cheikh Oumar Ba, un nom que tout futankais connaît, et aura à jamais dans le fond de son âme.

L’écrivain djiboutien Abdourahman Waberi a écrit ces mots : «  Tout jour est un bon jour pour naître. Tout jour est un bon jour pour mourir ». Que penser de cette réflexion face à une pandémie qui ravage l’humanité, empêchant même les proches endeuillés d’assister aux funérailles de leurs aimés ?

Au milieu des années 2000, les radios communautaires commencent à essaimer sur la rive gauche du fleuve Sénégal. Nous entendons par bribes quelques extraits de ses poèmes lus par des animateurs ou invités. A la fin de chaque déclamation, on entendait « Jimol Sheek Umar Bah mo FLAM » (poème de Cheikh Oumar Bah des FLAM). Évidemment, à cette époque, il était plus facile d’être de l’autre rive et de citer vigoureusement le nom de ce mouvement. Sur la rive droite, certains tressaillaient rien qu’à son l’évocation. Il n’eût pourtant jamais de feu, sinon des lumières… qui s’éteignent l’une après l’autre : Diallo Alpha, Djibril Hamet Ly, entre autres.

Ce n’est qu’une fois en France, dans les manifestations, voyant la ferveur de l’assistance lorsqu’il prononçait un discours, que j’ai compris qui était Cheikh Oumar. Physiquement et intellectuellement.

Une anecdote me revient. Lors d’une visite à un proche, nous fûmes rejoints par un de leurs amis, historien. J’écoutais religieusement de croustillantes anecdotes sur leur combat au Sénégal et en Occident. Ils ne cessaient de parler de Cheikh Oumar Ba dans toutes ses facettes. Intarissables camarades. Ce sont notamment leurs récits de Cheikh Oumar Ba l’amoureux de la science qui me fascinaient.

Enseignant à Garlol (Brakna), il se rendait chaque fin de semaine à pied (plus de 20km) à Mbagne, fief de son maître Diop Mamadou samba, dit Murtodo. Avec Kaya Diop et bien d’autres, ils devaient refaire le monde de la Culture… Mbagne était alors un haut lieu de la culture peule. Plus tard, il assistât son maître Murtodo dans la traduction du Livre Saint en pulaar pour le rendre plus accessible. Immense projet, n’est-ce pas?

Tout le monde l’a dit, le messager de la langue pulaar, le défenseur des nobles causes s’est éteint. En réalité, c’est un baobab qui s’est incliné. Que l’ombre de Dieu soit la sienne dans l’au-delà. À Dieu nous appartenons et c’est vers Lui nous retournerons.

Ba Sileye

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