La braderie des noirs (es) en Libye : faut-il se limiter à l’indignation et aux réactions émotives ?

Depuis ces deux dernières semaines, l’actualité africaine est marquée par des événements horribles.  Ces événements se passent présentement en Libye où on assiste à une tragédie humaine. Cette tragédie se traduit par la marchandisation des immigrés noirs originaires des pays de la sous-région africaine notamment le Mali, le Ghana,  le Nigeria et la Guinée. Ils ont suscité des vagues d’indignation voir de mécontentement au sein des diasporas africaines vivant en occident. Cela se traduit par des manifestations dans toutes les capitales européennes qui abritent les ambassades libyennes. Notamment à Paris où beaucoup d’artistes, chroniqueurs, intellectuels et des personnalités issus des sociétés civiles africaines ont assiégé les grandes avenues  parisiennes et aussi  le chancelier libyen.

 Cette marée humaine de la jeunesse africaine  a suscité une vague de déferlement, de colère à l’encontre des dirigeants africains et de  l’union européenne qualifiés d’être le chevrier ouvrier de cette tragédie. Par rappel, lors du sommet européen tenu le 3 Février dernier à Malte, les dirigeants de l’Union Européenne ont signé des accords avec la Libye pour endiguer le fléau de migration vers l’Europe. Ces accords ont pour objet d’ériger des barrières solides pour empêcher des migrants vers l’Europe. Lors de ce fameux sommet, les autorités de l’Union Européenne ont armé  les gardes côté libyen pour assurer le rôle des gendarmes des frontières reliant le Méditerranée et l’Europe.

Parallèlement, l’organisation mondiale de l’immigration (OIM) et le haut-commissariat pour les réfugiés (HCR) ont reçu des moyens logistiques et financiers pour alerter les arrivées des africains sur les côtes libyennes.  Pour financier ce projet fabuleux, l’union Européenne a dû débourser 200 millions d’euros.  Une moitié de ce montant a servi à la construction de camps de concentrations des candidats à la traversée. Ces accords avaient suscité des vagues d’inquiétudes de la part des ONG françaises en l’occurrence la Ci-made, par la voie de son président, a expliqué les bonnes raisons qui poussent la jeunesse africaines à gagner l’Europe. Il a également rappelé dans cette lettre  adressée aux autorités Européennes que la Libye n’a pas ratifié  la convention du Genève ni le traité international garantissant le bon traitement des étrangers sur son sol.

Toutes fois, la Libye sous l’ère Kadhafi, fut longtemps un eldorado pour les africains de la sous-région. L’ex guide Libyen, malgré sa mégalomanie fut un fervent pupille de l’africain. Bien au contraire, sous son règne le droit des étrangers n’était pas  très bien respecté mais n’empêche qu’il assurait le minimum pour les étrangers. Personne ne pouvait imaginer une telle tragédie sous son ère. Mais il fut victime d’un complot français pour l’évincer en 2011 n’ont pas pour ses actions mais plutôt pour sa vision pour l’Afrique. Puisqu’il avait un projet consistant à développer l’Afrique et la sortir de la dépendance occidentale.

En réalité, cette tragédie humaine à laquelle sont victimes les émigrés noires en Libye n’est que le résultant de ces fameux accords. Des accords qui consistent à fermer la route migratoire en méditerranée. Elle est également le fruit d’une déstabilisation de la Lybie en 2011. Cette déstabilisation orchestrée par l’Otan avec un rôle décisif joué par certains chefs d’Etats africains en occurrence  Abdoulaye Wade à qui l’ont qualifié  à l’époque d’être le  sous-traitant de la France.

 Ce dernier a joué un rôle décisif dans le complot dont fut victime Kadhafi. Car celui qui a ébréché le mur contre l’Afrique. L’Otan en finançant le gouvernement de de Fazej Sarraj l’actuel patron de la Lybie pour assurer le rôle de sous-traitant a déjà participé à ses crimes contre l’humanité.

Par conséquent, face à cette tragédie il incombe aux africain (es) de faire preuve de lucidité sur la situation. En effet, il convient d’une part de citer les responsabilités et d’autre part, formuler des réponses adéquates à cette tragédie et aussi à toutes formes d’exploitation de la dignité humaine partout dans le monde. Il ne s’agirait pas de faire une indignation sélective c’est-à-dire dénoncer uniquement les crimes de l’humanité dont fait l’objet les noirs en Lybie mais aussi ceux orchestrés ailleurs dans le monde. Que ça soit en Russie, en Irak, en Palestine et partout ou y a des injustices.

Ces crimes doivent susciter le réveil des peuples africains. Ce peuple doit avoir le courage de prendre son destin en main. D’accepter de rédiger une nouvelle page de son histoire. Pour ce faire, il doit commencer à observer les faits afin de situer les responsabilités de L’Europe et également de l’Afrique face à cette tragédie humaine.

A propos des responsabilités, il convient de citer en premier, les chefs d’États africains qui sont les vedettes de la corruption et du sous-développement en Afrique. Par exemple, le Niger et le Congo Brazzaville, pour ne citer que ces deux pays, regorgent de toutes les sortes de richesses naturelles. Malgré cela, les populations peinent à trouver de quoi se mettre sous la dent. Ensuite, vient les prédateurs occidentaux prêts à tout pour dérober, piller les richesses des pays africains et les insultes au retour. Ces derniers ont également une part de responsabilité sur ce que vit l’Afrique aujourd’hui. Ils sont prêts à user de toutes leurs forces pour protéger les dictateurs africains en échange du pétrole, de l’or ou d’uranium. L’histoire des conflits en Afrique nous enseigne que ces derniers ont été à l’avant-garde de tous conflits qui sévissent dans les pays du tiers monde. La guerre contre les djihadistes au nord du Mali en est un exemple parlant.

Face à ce désastre, plusieurs pistes de solutions s’offrent à la jeunesse africaine. Premièrement,  céder le sentiment de nationalisme au profit du panafricanisme. Pour se faire, la diaspora africaine doit se réconcilier avec son histoire en convoquant les dates clés de son histoire. Ré-susciter la fierté africaine au profit de l’esprit panafricain. Il faudra vivre la fierté africaine au même titre que les lois de la République dans laquelle ils vivent.

Il nous incomberait de créer des commissions interafricaines à l’image du parti RDA (rassemblement démocratique africain) fondé en 1946 à l’issue du Congrès de Bamako, qui auront pour objectif de réunir tous les africains sensibles à la cause africaine.  Cette commission pourrait jouer le rôle de gendarme en Afrique. L’objectif serait de jouer le rôle de sentinelle sur tout ce qui se passe en Afrique que ça soit sur le plan politique, social économique et autre. D’alerter la pratique visant à porte atteinte à la dignité des peuples africains.

Cheikh Wane Almamy

Chercheur en Santé Publique à l’université de Paris Sud

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